Déclaration du SNES-FSU à la FPMA du 13 juin 2016
Monsieur le Recteur,
L’ouverture d’une FPMA revêt toujours une certaine solennité, nous savons tous que ce qui va s’y discuter est extrêmement important non seulement pour les personnels en attente d’une affectation, mais aussi pour l’ensemble des personnels des établissements de second degré de l’académie car la FPMA permet d’entrevoir quelle sera la réalité de la prochaine rentrée scolaire dans les établissements.
L’année scolaire qui se termine a une nouvelle fois été marquée par un conflit majeur lourd de conséquences pour l’avenir du Service Public d’Education celui sur la réforme Vallaud-Belkacem des collèges, toujours massivement rejetée par la profession, rejointe aujourd’hui par les fédérations de parents d’élèves. La mise en place de la réforme en septembre va donc se faire à marche forcée, de façon très inégale et très disparate en fonction des collèges, compliquant considérablement l’organisation des apprentissages, appauvrissant et fragilisant l’offre de formation, alourdissant considérablement la charge de travail des enseignants. Et encore le choix a été fait pour la prochaine rentrée de ne pas retirer des dotations des établissements la totalité des marges de récupération permises par la mise en place de la réforme. La formation continue a été dévoyée et utilisée comme un outil de mise au pas des personnels. Mettre en place la réforme du collège dans de telles conditions est totalement contre productif : certes la Ministre peut afficher une victoire formelle mais dans les faits la réforme ne produira aucun effet positif, aucune dynamique, elle n’ouvrira aucune perspective de progrès. Le gouvernement a privilégié de façon cynique l’affichage de sa volonté politique à faire des réformes plutôt que le contenu même de la réforme et le dialogue avec la profession. Quant à la situation dans les lycées, elle reste tout aussi détestable, les moyens alloués permettant juste d’absorber la hausse démographique. Dans un tel contexte, alors que les effectifs de classes sont lourds, que les possibilités d’aider les élèves à surmonter leurs difficultés sont largement inexistantes ou inopérantes, la récente décision ministérielle de rendre exceptionnels les redoublements est totalement aberrante. Le redoublement n’est pas la panacée mais faire comme si les difficultés scolaires n’existaient pas relève de la faute. C’est une politique à courte vue de gestion des flux au mépris de toute considération pédagogique, et au mépris de l’intérêt des élèves.
Nous redisons ici avec force qu’il est urgent d’améliorer les conditions d’études des jeunes, de permettre à tous d’accéder à des savoirs et valeurs communes, d’acquérir des qualifications pour s’insérer dans la vie professionnelle et devenir des citoyens avertis. En cette période de crise sociale et politique sans précédent nous réaffirmons que l’Ecole a un rôle décisif à jouer et qu’elle ne peut le faire qu’imparfaitement aujourd’hui.
Nous alertons depuis plusieurs années sur la dévalorisation de nos professions, sur leur manque d’attractivité qui se traduit par la persistance de la crise de recrutement. Les propositions d’amélioration des carrières et des rémunérations formulées par la Ministre dans le cadre des discussions PPCR sont une première étape que nous actons, mais elle ne saurait suffire alors même que nos métiers n’ont pas été revalorisés depuis 25 ans. Le calendrier est trop étalé dans le temps sans qu’aucune garantie ne soit donnée sur son application effective, l’augmentation des traitements se situe bien en deçà des pertes de pouvoir d’achat subies. Par ailleurs, le ralentissement de la progression des débuts de carrière et la faiblesse de leur revalorisation est un mauvais signal dans un contexte de faible attractivité de nos métiers. La volonté de conserver des rythmes améliorés pour certains, au lieu d’une carrière linéaire au meilleur rythme pour tous, la volonté de réserver l’accès à la classe exceptionnelle à quelques uns, comme de ne prendre aucun engagement sur les contingents et modalités d’accès à la hors classe, ne traduisent pas la volonté de rompre avec les logiques managériales. A ce propos nous serons particulièrement vigilants, lors des discussions à venir, sur les modalités d’évaluation des enseignants, et nous souhaitons être entendus par la Ministre sur les nécessaires améliorations qui doivent être apportées à son projet.
S’agissant du mouvement intra lui-même, il reste fluide cette année dans plusieurs disciplines. Le choix effectué, dans le cadre de la préparation de la rentrée 2016, d’ajouter à la dotation ministérielle de 30 emplois, 28 emplois de vacation pour implanter davantage de postes en établissement, y compris à compléments de service, a permis plus de mutations. Il reste que les compléments de service sont de plus en plus nombreux et qu’ils ne doivent trop souvent leur existence qu’à de trop nombreuses HSA dans les établissements ce qui est inacceptable. D’autre part, des postes restent vacants à l’issue du mouvement (10 en espagnol) et surtout le nombre d’affectations sur zone de remplacement continue à s’effondrer avec une baisse totale toutes disciplines confondues de près de 40 affectations sur zone de remplacement. Le remplacement sert à nouveau de variable d’ajustement ce qui annonce des difficultés encore aggravées par rapport aux années précédentes pour les remplacements. L’espagnol, l’histoire géographique sont complètement sinistrées, elles rejoignent en cela les mathématiques ou les lettres.
Nous voudrions terminer en remerciant les personnels de la DIPER pour leur travail et leur disponibilité dans une période dont nous savons qu’elle est toujours difficile pour eux. Le travail en confiance avec les services a permis que toutes les demandes d’amélioration que nous avons formulées soient intégrées. Nous voudrions enfin saluer Monsieur Couty, Madame Roumanie et Madame Portes à l’occasion de leur départ et souligner le fait que nous avons travaillé de nombreuses années avec eux en confiance, chacun dans son rôle et dans le respect de l’autre. C’est dans cet esprit que nous souhaitons poursuivre avec ceux appelés à leur succéder.