Nouvelle évaluation des EPLE : de quoi s’agit-il ?
Dans l’académie, des établissements enclenchent actuellement un processus nouveau d’évaluation des politiques d’établissements, conséquence des dispositions prévues par la Loi pour l’École de la confiance, voulue par JM Blanquer, et concrétisée par la mise en place du Conseil de l’Evaluation de l’Ecole. A terme, tous les établissements de l’académie (et de France) sont appelés à être évalués en l’espace de 5 ans.
Sur la forme, alors que les établissements et leur fonctionnement sont largement impactés par la gestion de la crise sanitaire et ses effets aussi bien sur les personnels, les élèves, et les apprentissages, le SNES-FSU estime qu’il n’y avait aucune urgence à enclencher ce dispositif. Le moment est particulièrement mal choisi pour engager une méthode nouvelle de suivi des établissements : les collègues sont exténués, eux qui portent à bout de bras le système éducatif depuis de très longs mois de crise sanitaire.
Sur le fond, la nouvelle évaluation des EPLE entend imposer des logiques issues du nouveau management public, qui ne sont pas sans conséquences sur les établissements, et, à travers eux, sur les personnels. Reprenant l’apparence des projets d’établissements et une partie de leur méthode d’élaboration, et amplifiant la portée des Contrats d’objectifs qui lient les EPLE et l’académie, elle entend aller toujours plus loin dans la logique de transformation profonde des Services publics.
Un renversement de logique à contester
L’objectif est de passer d’une logique d’obligations de moyens (avec des résultats en conséquence) à une logique d’obligation de résultats (sans que ne soit plus posée la question des moyens à engager pour y parvenir). Ce changement fondamental de paradigme permet de dédouaner l’institution et ses pilotes de l’obligation de « faire suivre l’intendance », en renvoyant la responsabilité de trouver, dans chaque établissement, une organisation ou des décisions d’action pour « optimiser » l’utilisation des moyens attribués.
Ce n’est pas neutre, et très concrètement, cela signifie, par exemple, qu’en cas de hausse d’effectifs, on ne cherchera pas nécessairement à abonder un établissement en moyens pour y faire face, mais qu’on l’encouragera plutôt à instaurer une organisation différente pour couvrir le besoin nouveau, à coût constant.
Cette logique est déjà partiellement à l’œuvre depuis une dizaine d’années, sous des formes diverses : heures flottantes en lycée depuis 2010, en collège depuis 2016 ; réforme du collège, avec l’organisation d’enseignements non fléchés, décidés par les équipes, en fonction des réalités locales, ou du lycée, avec le choix entre carte des formations élargie et possibilité de dédoublements. Il s’agit de développer des leviers pour amplifier les effets de ce renversement de logique.
Quelles actions immédiates ?
La méthode présentée étant assise sur une participation des collègues à ce qui pourrait rapidement devenir lourd et chronophage, le SNES-FSU appelle dans l’immédiat les équipes des établissements qui sont les premiers cobayes de la nouvelle évaluation à retarder la mise en place du dispositif d’évaluation des établissements, en intervenant auprès des directions, et en interpellant les parents d’élèves sur les raisons qu’il y a à prioriser, dans la période, l’action des personnels sur les besoins actuels des élèves, particulièrement flagrants.
Interpellé sur le sujet par le SNPDEN, le ministre a même déclaré que les établissements devaient être volontaires pour s’engager dans le processus. La Présidente du Comité d’Évaluation de l’École a dit de même publiquement sur son compte Twitter. Il est entendu qu’il s’agit, non du volontariat du chef de l’établissement, mais de l’ensemble des personnels !
Vous trouverez ci-dessous un modèle de lettre à adapter pour demander le report/le refus de participer à cette évaluation :
Participer mais en utilisant la démarche pour dénoncer les manques de l’institution
Si une majorité des collègues choisit de ne pas boycotter la démarche ou les réunions, mettre en avant des indicateurs faisant apparaître les manques de l’institution : les horaires d’enseignements en groupes permettant de travailler différemment, le nombre d’élèves par classe, la présence et le nombre de personnels (orientation, santé scolaire, vies scolaires, agents d’entretien…) sur toute la semaine en rapport avec le nombre d’élèves, le temps de travail des enseignants par semaine (qui empêche de dégager du temps pour la concertation), la lourdeur de certains programmes... En bref, vider la démarche de ce qu’elle pourrait avoir de dangereux pour l’établissement en imposant les indicateurs, la vision des métiers et du Service public d’Éducation des professionnels eux-mêmes !