Pourquoi maintenant ?
Le service public d’Education est à un tournant de son histoire. Les réformes en cours dans l’Education Nationale, comme dans la Fonction Publique, dessinent les contours d’un système éducatif très inégalitaire qui va renforcer les déterminismes sociaux et qui abandonnent l’ambition pour tous les jeunes. Notre appel à la grève le premier jour du bac est une modalité d’action exceptionnelle qui se veut à la mesure de la gravité des attaques subies aujourd’hui par le système éducatif.
Une année de mobilisation sans réponse
Depuis des mois, les personnels se mobilisent, avec le SNES-FSU, sous différentes formes : grèves, réunions d’informations, manifestations le samedi avec les parents, … le Ministre est resté sourd à nos revendications et ne les a traitées qu’avec mépris, balayant ainsi d’un revers de main nos inquiétudes pour les élèves. L’appel à la grève du 17 s’inscrit donc dans la suite des mobilisations de ces derniers mois.
Les élèves sont « pris en otages » ?
L’annonce d’un appel à la grève le premier jour du bac a entrainé un déferlement de commentaires abondamment relayés par le ministre Blanquer.
Il convient de rappeler, calmement, qui est responsable de la situation actuelle : ce ne sont pas les personnels qui, dans des conditions de plus en plus dégradées, continuent d’exercer leur métier et ont à cœur de faire réussir les élèves.
C’est bien le Ministre qui est responsable de la situation actuelle, par son intransigeance et son mépris érigés en mode de gouvernance, qui mène à une impasse. On note par ailleurs que plusieurs syndicats lycéens soutiennent l’appel à la grève du 17 juin, de même que des sections départementales de la FCPE.
La responsabilité du Ministre de l’Education Nationale
Jean-Michel Blanquer est le seul et unique responsable de la situation : sur le fond, comme sur la forme, ses réformes marquent des reculs sans précédent. Réforme du bac, du lycée, loi Blanquer, suppressions de postes : il s’agit bien de réformes qui vont institutionnaliser un système éducatif qui tourne le dos à son ambition de démocratisation des études et dans lequel les inégalités vont se creuser (inégalités à la fois territoriales et sociales).
Les suppressions d’emplois se poursuivent et la rentrée prochaine se prépare dans des conditions dégradées dans les collèges comme dans les lycées. Dans un contexte de hausse démographique, 2650 emplois ont été supprimés cette année, 60 dans notre académie.
La réforme du lycée va conduire à des inégalités fortes entre les établissements pour ce qui concerne l’offre de formation. Le lycée que vendait Blanquer comme le lycée des possibles se réduit comme peau de chagrin et fait dépendre finalement les choix des élèves de l’offre de formation de leur lycée de proximité, à laquelle s’ajoutent des contraintes liées aux emplois du temps et à la taille des groupes de spécialités. Les choix de spécialités déterminants pour la suite des études doivent se faire à un âge où beaucoup d’élèves sont encore très hésitants et ont du mal à se projeter dans des choix d’avenir.
La réforme du bac va conduire à un bac maison dont la valeur dépendra fortement du lycée dans lequel le jeune l’aura obtenu. Les conséquences de ces inégalités vont se révéler notamment au moment de l’accès au supérieur via ParcourSup. Ce bac maison reposera sur la multiplication de contrôles continus passés en première et terminale (environ 22 épreuves réparties sur deux ans). Est-ce vraiment moins de stress pour les élèves et moins de temps perdu pour les cours comme l’avançait le ministre Blanquer ?
Il s’agit également de modifier nos métiers, en nous transformant en simple exécutant, sous la coupe de la hiérarchie et en essayant de limiter la liberté d’expression des enseignants en dehors de l’exercice de leur métier.
Le Ministre s’est aussi distingué par un mépris qui est devenu la marque de fabrique de sa communication : décret instituant une 2e HSA obligatoire après deux votes contre unanimes au Comité Technique Ministériel, affirmations provocatrices selon lesquelles 90% des personnels le soutiennent, exercices de communication sur les réseaux sociaux plutôt que de réponses aux personnels, nombreux à manifester, comme par exemple le samedi 18 mai à Paris, où près de 10 000 personnes étaient dans la rue pour dire non aux réformes Blanquer !
Le SNES-FSU, avec l’intersyndicale, a fait le choix d’annoncer la mobilisation bien en amont du début des épreuves pour que le Ministre prenne la mesure de ce qui se jouegg. Il s’agit bien d’envoyer un signal fort, bien avant l’examen, en plaçant le Ministre face à ses responsabilités : il doit ouvrir les négociations. La balle est dans son camp, s’il ne la saisit pas, c’est lui qui sera donc responsable de perturbations lors du bac.