30 novembre 2020

actualités

Avenir lycéen : ministre dans l’embarras, députés limousins bien mal inspirés

Médiapart puis Libération, ont révélé les conditions de la création du syndicat lycéen « Avenir lycéen », de son financement généreux, de ses dérives connues et cachées, de l’aide apportée à son ascension par le ministère de l’Éducation nationale. Plus largement, cette affaire révèle une volonté d’influencer, si ce n’est de manipuler, des élus lycéens au CNVL et CAVL par différents échelons de l’encadrement de l’Éducation nationale : DGESCO et rectorats. Un communiqué du CAVL Limoges, en date du 5 décembre 2018 interrogeait effectivement sur l’engagement sans faille de nos jeunes élus auprès du ministre et de sa politique, tout comme leurs tweets énamourés depuis laissaient songeurs…
Ces révélations, ces enquêtes, documentées et assorties de témoignages et documents accablants, relèvent-elles d’une cabale à l’encontre de J-M. Blanquer visiblement très au fait de la vie interne de ce syndicat, allant jusqu’à échanger des SMS avec les dirigeants d’Avenir lycéen ? Est-il indécent, en démocratie, de s’interroger sur le financement par les deniers publics d’un tout nouveau syndicat lycéen, dont la photo de profil est issue du service communication du ministre, quand dans le même temps les subventions des syndicats lycéens plus anciens, et moins favorables au ministre, (UNL et FIDL) sont drastiquement réduites ? En particulier quand ces dépenses consistent aux règlements de prestation dans des hôtels et restaurants de luxe. Est-il infondé de s’interroger sur le rôle d’un ministère, de recteurs, donc des personnages politiques de l’Éducation nationale, auprès des élus aux CVL : y font ils vivre la démocratie lycéenne ou la publicité de l’action ministérielle ?
Tout cela est à l’évidence embarrassant pour J-M Blanquer qui, comme toujours, choisit de mentir en y ajoutant ici l’outrance et l’anathème pour se défendre, se défausser, poursuivre sa politique de casse. Qu’a-t-il à craindre s’il est innocent ? Qu’a-t-il à cacher si tout est transparent ? De quoi a peur J-M. Blanquer pour que des députés montent au créneau pour défendre leur héros dans une tribune hallucinante. « Qui a peur de J-M. Blanquer ? », interrogent Jean-Baptiste Moreau et Sophie Beaudouin-Hubière pour le Limousin. Outre les délires de ceux qui aiment à se faire peur avec des histoires d’entrisme d’extrême gauche, l’accusation sans honte de journalistes aux « méthodes fascistes », la tribune conclut par ces quelques mots : « Le plus grand crime de Jean-Michel Blanquer ne serait-il pas d’avoir mené l’une des politiques les plus progressistes dans le domaine éducatif depuis plusieurs décennies ». Attardons-nous sur ces quelques mots qui au moins ont un sens politique. En effet, depuis son arrivée au ministère J-M. Blanquer a :

  • Via Parcoursup instauré la sélection à l’université ;
  • Désorganisé le lycée général et technologique tout en le rendant plus sélectif : les nouveaux programmes étant intenables, la cohérence des parcours perdue, les dynamiques de classes rendues impossibles, les évaluations devenues permanentes ;
  • Explosé le caractère national du baccalauréat qui n’aura à l’avenir comme seule valeur celle que la société voudra bien accorder au lycée d’obtention ;
  • Dynamité le lycée professionnel, aux contenus disciplinaires généraux appauvris, fermant toute perspective d’accès au supérieur pour les lycéens professionnels, déprofessionnalisé au profit de l’apprentissage, que l’on sait particulièrement ségrégatif ;
  • Fait voter une loi visant à museler l’expression publique des professeurs, devenus sous-citoyens, et faisant le beau jeu de l’école privée et de la dérégulation ;
  • Supprimé dans le Second degré 7490 emplois de professeurs depuis 2018 (pour 70 000 élèves de plus) ;
  • Réprimé les contestations de ses réformes et piétiné le dialogue social.

Le « plus grand crime » de J-M. Blanquer est bien la politique qu’il mène, elle qui détruit minutieusement, par touches successives, toute l’ambition de démocratisation du système éducatif à l’œuvre depuis le milieu des années 1970. J-M. Blanquer mène une politique de classe et d’exclusion. Le paravent du dédoublement de certaines classes primaires de l’Éducation prioritaire, qui n’a pu se faire que par redéploiement et dégradation des conditions d’encadrement dans d’autres écoles, ne trompe personne, sauf peut-être les députés aveuglés de la majorité, qui feraient bien de s’inquiéter du démantèlement annoncé de la carte de l’Education prioritaire.

Le montage de toute pièce, avec la puissance et les moyens de l’appareil d’État, d’un syndicat au service de la promotion du ministre, serait effectivement un scandale, c’est pour cela que le SNES-FSU exige que toute la lumière soit faite, en toute indépendance.
En l’attente, la politique de J-M. Blanquer fait effectivement peur, comme la dérive autoritaire et liberticide du gouvernement, son avilissement dans les fake news. Tout cela abîme la République, les apprentis sorciers de la Macronie s’en rendent-ils seulement compte ?