Ce CTA nous offre l’occasion de dresser un bref état des lieux de la situation dans notre secteur. La crise sanitaire a largement percuté la fin de l’année scolaire et a exacerbé de nombreuses tensions qui lui préexistaient.
Le ministre s’est illustré par sa gestion calamiteuse de la crise sanitaire, laissant les personnels se débrouiller seuls entre injonctions contradictoires et manque de préparation. Alors que l’investissement des personnels a été majeur, le ministre n’a pas hésité à jouer la carte de l’opinion contre les personnels et il n’a pas soutenu une profession en proie à une campagne de dénigrement médiatique. Il a instrumentalisé la crise pour faire avancer son projet d’école fondé sur des principes d’individualisation, de sélection, d’externalisation de certaines missions ou enseignements, sur le développement du numérique, sur des évaluations systématiques et permanentes. Une telle stratégie ne pourrait conduire qu’à un nouvel affaiblissement du service public d’éducation et à une explosion des inégalités scolaires.
Le lien social fragilisé pendant le confinement et l’aggravation des inégalités entre les jeunes exigent pourtant un renforcement du service public d’éducation avec, dans l’immédiat pour la rentrée 2020, des moyens supplémentaires, des possibilités de travail en groupes, un aménagement des programmes faute de quoi on risque d’assister au naufrage scolaire d’un nombre important de jeunes. Les réformes du lycée et du bac, largement contestées par la profession car elles sont porteuses d’une aggravation des difficultés et des inégalités scolaires, doivent être abandonnées. Un plan de programmation des emplois et des recrutements doit être prévu pour renforcer les équipes pluri professionnelles dont nous avons besoin dans nos établissements avec plus de personnels d’enseignements, d’éducation, de surveillance,
d’accompagnement et de santé.
Or aujourd’hui les seules réponses proposées consistent dans des dispositifs périphériques inadaptés comme les vacances apprenantes sur lesquelles le ministre communique à tout va. La rentrée 2020 se prépare dans un contexte de resserrement des moyens qui va contribuer à asphyxier un peu plus encore les équipes enseignantes dans les collèges et les lycées.
Rien n’est dit par ailleurs sur la réalité de la rentrée de septembre et sur les différents scénarios envisagés en fonction de l’évolution de la crise sanitaire. Il n’est pas acceptable qu’à quelques jours de la sortie nous soyons dans une telle incertitude.

La confiance est totalement rompue, l’épuisement professionnel est là, le découragement des équipes aussi. Nous avons pourtant conscience, alors que se dessine une crise économique majeure, du rôle irremplaçable de l’Education pour limiter les effets de la crise pour les jeunes et du rôle irremplaçable de l’ensemble des services publics pour l’ensemble de la population.