Déclaration SNES
Le CTA de ce jour permet un bilan d’étape de la préparation de rentrée dans notre académie, les perspectives sont malheureusement bien sombres.
Les réformes du lycée et du bac se mettent en place de façon chaotique. Une circulaire vient doucher définitivement les espoirs de ceux qui pensaient le lycée Blanquer comme le lycée de tous les possibles, il n’en est rien. Il est même en passe de devenir le lycée des impossibles pour les élèves enfermés dans les formations présentes dans leur lycée, tant pis pour eux s’ils n’ont pas fait le bon choix de lycée à l’entrée en Seconde, à 14 ans ! Tant pis s’ils n’ont pas pu le faire, faute d’une offre territoriale réduite ou s’ils n’ont pas fait le choix de la mobilité, à 14 ans ! Le ministre fait fi des déterminismes sociaux et territoriaux, qui seront de fait accentués par sa réforme. Un lycée impossible aussi pour les professeurs, confrontés à une désorganisation de leurs établissements et à un nouvel alourdissement de leur charge de travail.
La précipitation dans laquelle se met en place la réforme est par ailleurs irresponsable. La circulaire de la DGESCO enjoignant aux enseignants de SVT et de sciences physiques de ne pas respecter les programmes en vigueur est symptomatique des problèmes qui se posent et qui n’ont jamais pu être débattus malgré les alertes répétées du SNES-FSU et des professeurs, à tous les niveaux de l’institution. Les premières épreuves du baccalauréat approchent et les professeurs n’en connaissent toujours pas la forme : comment peuvent-ils préparer sereinement leurs élèves, qui ne sont pas des cobayes, à ces échéances ? Les faits sont têtus et la communication mensongère du ministre n’y change rien. Oui, les mathématiques disparaissent bien du tronc commun de la voie générale et le programme de spécialité est parfaitement inadapté à l’ensemble des lycéens. Non, il n’y a pas d’heures dédiées à l’accompagnement personnalisé, sauf à amputer les enseignements disciplinaires. Non, le nouveau bac n’est pas resserré, plus juste et remusclé. Il promet au contraire de désorganiser les lycées, d’altérer la relation entre les enseignants et des lycéens soumis à une évaluation certificative permanente, pour au final obtenir un bac dont la valeur sera celle que la société voudra bien lui accorder, à n’en pas douter celle de la réputation du lycée d’obtention. Pourquoi la seule donnée de Parcoursup à ne pas être anonymisée, reste celle du lycée d’origine ?
Ce n’est pas à coup de circulaires d’intimidations menaçant les collègues de sanctions, de déclarations martiales à l’assemblée, que ces mensonges répétés à l’envi deviendront vérité. L’article 1 de la loi, bien mal nommée, « pour l’école de la confiance », signe la volonté du ministre de faire des personnels de l’Éducation nationale des citoyens de seconde zone. C’est scandaleux ! Le ministre est bien loin d’emporter l’adhésion de la profession autour de ses projets.
D’autant plus que partout les moyens ont été amputés, en collège comme en lycée, que les effectifs soient en hausse ou en baisse, partout les heures postes diminuent dans les DGH avec la dégradation des conditions d’études des élèves et de travail des professeurs, ce qui n’émeut pas le ministre qui veut leur imposer 2 HSA.
51 suppressions de postes sont proposées à la rentrée prochaine dans les collèges et les lycées, avec parfois des conséquences humaines difficiles pour les collègues victimes d’une mesure de carte scolaire, lorsque les possibilités de réaffectation proche de leur ancien établissement ou domicile sont inexistantes. Dans tous les cas ces suppressions déstabilisent les équipes enseignantes. Pour le SNES-FSU aucune suppression de postes ne se justifie lorsque les besoins sont supérieurs ou égaux à un mi-temps, nous sommes intervenus sur l’ensemble des situations lors du groupe de travail du 13 mars et nous espérons avoir été entendus sur nombre d’entre-elles.
L’explosion des compléments de service et des petits BMP, qui se voit moins dans les documents, va aussi déstabiliser fortement les établissements et va dégrader encore les conditions de travail des enseignants : quels sont les professeurs qui vont effectuer les heures de ces petits BMP ? Sur combien d’établissements seront-ils affectés ? Quelles seront leurs conditions de travail ? Quel travail en équipe dans ces conditions ? À toutes ces questions, aucune réponse.
L’inflation du profilage de certains postes est très surprenante tant ces profilages n’ont le plus souvent aucune pertinence pédagogique. Ils peuvent aussi conduire à une vacance de poste ou à bloquer le mouvement. C’est l’idéologie qui sous-tend ces propositions, celle de la femme ou de l’homme providentiel, ou bien celle du chef d’établissement « super manager » capable de dénicher la perle rare, mieux qu’un jury de concours. Ces visions sont à remiser au plus vite, elles ne correspondent en rien au métier d’enseignant ni à la vie d’un collège ou d’un lycée. Comment penser que de telles mesures puissent conduire à une meilleure cohésion des équipes, particulièrement là où il en est le plus besoin. Les enseignants en poste au collège Ronsard doivent-ils comprendre qu’ils ne font pas correctement leur travail ? Ces postes doivent être reversés au mouvement général, c’est le gage pour tous de l’efficacité.
Les suppressions de postes d’agents de laboratoire proposées et la volonté de mettre fin à toute implantation dans les collèges, jamais évoquée jusqu’alors, sont inacceptables. Là-encore, les difficultés de gestion des laboratoires et la charge de travail des collègues enseignants sont niées.
Le redéploiement des postes de CPE, s’il permet les améliorations nécessaires là où sont créés les postes, conduit aussi à d’importantes difficultés de fonctionnement là où ils sont supprimés. Cela ne permet pas de porter un regard positif sur les mesures présentées. Notre académie souffre d’un déficit chronique de CPE et la politique de non recrutement du ministre ne peut que l’aggraver. Le nombre de contractuels exerçant des fonctions de CPE est très important, les besoins sont pérennes et doivent être assurés par des fonctionnaires.
Les moyens, quoiqu’en dise le ministre, permettent la mise en œuvre d’une politique éducative. Toute réforme, ou budget, dont le principe vise à économiser des moyens ne peut conduire qu’à des dégradations du Service public d’Éducation.
J-M. Blanquer mène une politique de destruction de l’emploi, par ses réformes, par sa volonté d’imposer davantage d’heures supplémentaires aux enseignants. Il ne mène pas une politique au service de l’intérêt général et de l’amélioration du Service public d’Éducation.
Le SNES-FSU ne cessera pas de combattre la politique du ministre, les enseignants et personnels qu’il veut faire taire non plus. Nous serons mobilisés demain mardi 19 mars dans les manifestations, mercredi 20 mars pour exiger de véritables droits pour les AESH, le samedi 30 mars avec l’ensemble de la communauté éducative. La population a enfin compris que J-M. Blanquer jouait à un chamboule-tout éducatif, son image est ternie, c’est sans doute ce qui explique sa dérive autoritaire, témoignage d’une certaine fébrilité, partagée par l’ensemble de l’exécutif.
Déclaration FSU
Madame la Rectrice,
Mesdames et Messieurs les membres du comité technique,
Notre pays traverse depuis des semaines déjà une crise sociale et politique d’une rare gravité. Aux revendications en matière de justice sociale, environnementale et territoriale comme en matière de Services Publics s’agrègent des exigences légitimes de démocratie sociale et politique. La FSU, avec d’autres organisations syndicales, a compris, anticipé et relayé cette colère et ses motifs, à tous les niveaux d’instances. Mais le pouvoir refuse d’entendre ; pire il est trop souvent arrogant et méprisant. A force d’ignorer les mises en garde, de piétiner les organisations syndicales, le pouvoir se retrouve ainsi en mauvaise posture. Les récentes élections professionnelles ont montré, par une participation en progrès, l’attachement des personnels au paritarisme et à la représentativité syndicale. Tous ont voté pour qu’un véritable dialogue social soit rétabli au niveau national comme au niveau de notre académie. Il est cependant bien mal engagé, en particulier dans la Fonction Publique !
En effet, lors de la réunion d’installation du Conseil Commun de la Fonction Publique le 12 février, la FSU comme 6 autres organisation syndicales, a décidé de quitter la séance tant le dialogue social continue à être méprisé au sommet de l’État, au cours de laquelle était présenté un projet mortifère portant sur la transformation de la Fonction Publique.
Pour la FSU, les principes d’égalité et de neutralité assurent aux usager-es d’être traité-es de manière impartiale et protègent les fonctionnaires des pressions qu’ils pourraient subir dans l’exercice de leurs missions. Le recrutement par concours garantit l’égalité d’accès à des emplois publics qualifiés et l’indépendance des fonctionnaires au service de l’intérêt général. Ainsi, le Statut actuel permet un équilibre entre droits et obligations qui constituent une digue efficace contre les phénomènes de corruption ou de clientélisme. Une conception moderne dont le monde du travail dans son ensemble pourrait s’inspirer. Dans un contexte d’inégalités et d’instabilité croissantes, ces principes sont d’une grande importance et donnent sens aux valeurs qui sont celles de la République.
Il est donc plus que jamais nécessaire de réfléchir, avec tous les acteurs, dont les organisations syndicales, aux évolutions à poursuivre pour répondre mieux aux besoins de la population, mais le gouvernement a déjà tranché, seul, en particulier en ce qui concerne le traitement réservé aux services publics et aux agent-es. En effet, tous les éléments qui apportent des garanties aux personnels et donc aux usagers contre l’arbitraire et les clientélismes sont attaqués : commissions paritaires vidées de leur substance, fusion des CT et CHSCT, recrutement de contractuels ouvert en grand, possibilités de détachement vers le privé, introduction d’une rupture conventionnelle y compris pour les fonctionnaires... Dans ce projet les commissions administratives paritaires ne seraient plus consultées ni sur les mobilités ni sur les promotions, et ce dès le 1er janvier 2020 ! En clair, cela signifie que l’administration affecterait et procéderait à la promotion des agents sans aucun contrôle des élu-e-s du personnel et donc sans aucune garantie du respect de règles équitables et transparentes. Sans le contrôle des représentants des personnels, c’est la légitimité de toutes les décisions qui serait remise en cause. La seule possibilité qui resterait aux personnels de contester un acte de gestion serait d’engager un recours devant la justice administrative. Le Statut de la Fonction publique est un héritage des valeurs et du programme du Conseil National de la Résistance. En y portant de telles attaques, les équilibres du statut de 1946 sont saccagés, et avec eux la conception d’un fonctionnaire citoyen au service de l’intérêt général opposée à celle d’un fonctionnaire « aux ordres ». C’est tout le modèle social français et la garantie de neutralité des agents publics qui sont dans le viseur du gouvernement.
Le même modèle de dialogue social est à l’œuvre dans notre Ministère. Le passage en force par une procédure accélérée de l’examen du projet de loi de l’Ecole de la confiance en est le parfait exemple. Cette loi propose des bouleversements sans précédent, décidée dans une totale verticalité, pour s’imposer à tous les personnels.
Soumission au silence des agents, financement accru des écoles privées sous contrat avec la scolarisation obligatoire dès 3 ans, création des établissements publics des savoirs fondamentaux qui signe le recul du service public d’Education en particulier dans un territoire rural comme celui de l’Académie et modifie en profondeur l’organisation et les finalités de l’Ecole, évaluation de l’Ecole sous tutelle, réforme de la formation des enseignants, recours à des étudiants pour assurer les remplacements pour lequel l’académie semble vouloir être à l’avant-garde, élargissement des possibilités d’expérimentations y compris dérogatoires au statut des personnels... Bref une loi fourre-tout qui prévoit de transformer en profondeur l’Ecole et de donner les coudées franches au Ministre pour conduire ces transformations.
Enfin, si la FSU a exprimé sa satisfaction sur le renoncement du Ministre à la fusion des académies, elle constate que l’article 17 offre un blanc-seing inacceptable, par le biais d’ordonnances, permettant des réorganisations dont les perspectives ne sont pas fixées par la loi et un renforcement des pouvoirs des recteurs de régions. Ces réorganisations conduiront à des mutualisations visant des économies d’échelle et donc des suppressions de postes avec des mobilités fonctionnelles et géographiques plus ou moins imposées et donc subies.
Autant d’orientations qui sont à rebours du sens de l’engagement des agents et des intérêts des usagers. Ces choix sont antagonistes à la demande sociale qui s’exprime dans le pays.
Alors que tout appelle à mettre en synergie les personnels, à développer l’intelligence collective dans notre société, la reprise en main autoritaire de l’école et de la Fonction Publique sont à contresens de l’Histoire. L’école doit être un lieu de formation, de savoirs et de débats qui refuse tout dogme et autoritarisme. Lutter pour un autre avenir pour notre école, la Fonction publique, les services publics et la société dans son ensemble est une nécessité qui appelle l’engagement de tous et de chacun.
La FSU invite donc les personnels à s’engager dans l’action pour s’opposer aux logiques à l’œuvre qui remettent en cause le fondement même du Service Public d’Éducation que nous défendons, celui qui travaille quotidiennement à faire réussir tous les élèves avec les moyens qui sont à sa disposition, celui qui cherche à casser les déterminismes sociaux et qui permet de faire société. C’est pourquoi nous serons en grève le mardi 19 mars et que la FSU invite personnels et usagers du Service Public d’Education à faire la démonstration ensemble de leur opposition à ces projets le samedi 30 mars.
Déclaration spécifique AESH