Intervention SNES-FSU au CTA du mercredi 11 janvier 2012
Nous sommes réunis aujourd’hui pour examiner les moyens alloués à notre académie ainsi que la carte des formations pour la rentrée 2012.
Votre obstination, Monsieur le Recteur, à affirmer que la carte des formations a été pensée et construite indépendamment des moyens ne peut convaincre personne. Pas plus lorsque vous affichez une programmation pluriannuelle renvoyant à plus tard l’essentiel des ouvertures espérant sans doute pouvoir rendre plus acceptables les fermetures programmées pour la rentrée 2012.Vous ne pouvez pas non plus justifier les suppressions d’emplois programmées par une baisse d’effectifs dans les collèges et les lycées.
La carte des formations qui est proposée annonce des difficultés accrues pour la scolarisation des jeunes dans le Limousin alors même que plusieurs enquêtes révèlent que la France est le seul pays de l’OCDE qui voit reculer le taux de scolarisation des jeunes de 16 à 18 ans. Nous savons que les poursuites d’études des jeunes, notamment ceux des milieux les plus fragiles, sont largement conditionnées par une offre éducative de proximité. Ce que vous appelez pudiquement des « transferts » dans le document, sans leurrer là encore qui que ce soit, constituent en réalité des fermetures, comme la disparition de la première L à Saint Léonard, celle de la première S/SI à la Souterraine, celle de la filière STG à Ussel, celle de la seconde générale et technologique à Felletin. Et nous ne sommes pas dupes, nous savons pertinemment que pour certains lycées ruraux ces fermetures préparent une asphyxie du lycée avant sa fermeture. Ce serait des pans entiers du territoire qui seraient abandonnés avec des fermetures d’établissements à très court terme. Comment ne pas dénoncer aussi la poursuite des effets néfastes de la mise en place de la réforme de la voie technologique industrielle : baisse des effectifs en première dès cette année, fragilisation des parcours et des débouchés post bac avec la fermeture prévue de formations en BTS. Mis bout à bout, on a là des choix extrêmement négatifs pour l’avenir des jeunes et de la région. Nous avons dès le début condamné la logique des pôles car elle réduit la diversité et les possibilités de choix des élèves notamment en milieu rural, aujourd’hui apparaît clairement qu’au travers des pôles, c’est bien la réduction des moyens qui est visée.
C’est aussi dès le collège que sont faits des choix qui vont mettre à mal la scolarisation d’une partie des jeunes. Ainsi par exemple, l’éviction précoce des élèves les plus en difficultés via les dispositifs DIMA que vous multipliez, là où il faudrait au contraire la volonté d’aider ces jeunes à surmonter leurs difficultés au sein du service public d’éducation. Nous y voyons la volonté délibérée de constituer des flux d’élèves vers l’apprentissage pour s’inscrire dans la perspective du nouveau contrat d’objectif et de moyens relatif à l’apprentissage. Ce n’est pas ainsi que vous les aiderez à accéder à une qualification, à se construire un avenir et à s’insérer dans la société. C’est une remise en cause de fait de la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans et une terrible régression.
Au delà des dégradations visibles dans la carte des formations, les conditions d’études dans les établissements vont devenir encore plus détestables pour les élèves comme pour leurs enseignants du fait de dotations horaires globales immanquablement revues à la baisse .
Comment pourrait-il en être autrement dans les collèges qui devraient accueillir une centaine d’élèves supplémentaires avec 30 postes d’enseignants en moins ? Le collège va continuer à s’enfoncer dans ses difficultés. Au travers du socle commun et du livret personnel de compétences, s’organise un collège à deux vitesses, encore plus ségrégatif socialement, qui renonce à faire accéder l’ensemble des élèves à des contenus de formation ambitieux et à des poursuites d’études et qui se contente de prendre acte des difficultés sans l’ambition de les surmonter.
Dans les lycées qui perdent 30,5 postes et une soixantaine d’élèves, les conditions d’études vont également devenir plus tendues. La réforme Chatel va toucher à la rentrée 2012 le niveau des classes de terminales : ce que nous dénoncions se confirme d’ores et déjà. Cette réforme n’a non seulement permis de régler aucun des maux du lycée mais elle les a considérablement aggravés. Les inégalités entre séries se sont accrues, la voie technologique est considérablement fragilisée, les établissements sont sommés d’effectuer des choix inacceptables : ouvrir une option ? pour cela il faut renoncer à dédoubler.
Vous l’aurez compris, c’est tout à la fois la politique éducative qui est menée et les conditions dans lesquelles la rentrée 2012 se prépare que nous condamnons.
Comment peut-on comprendre le fait que notre académie soit celle qui est le plus touchée par les suppressions d’emplois qui représentent 3,4 % de son potentiel d’emplois total ?
Comment peut-on accepter que les propositions de carte des formations n’aient pas été discutées en amont dans les établissements, avec les enseignants et leurs représentants en CA, avec les chefs d’établissement ?
_ Allez-vous rester sourd Monsieur le Recteur aux réactions hostiles à votre projet qui remontent d’ores et déjà des établissements ? Si tel était le cas, nous nous dirigerions cette année encore vers une situation de blocage durable. Personne n’aurait à y gagner.
Pour notre part, nous n’accepterons jamais que le service public d’Education soit simplement considéré comme un coût qu’il faudrait réduire. Tout au contraire, nous pensons qu’investir dans la formation et dans le développement des qualifications incontournable pour préparer l’avenir et que c’est aujourd’hui un levier essentiel pour sortir de la crise et pour lutter contre le chômage et construire une société du vivre ensemble.
Déclaration de la FSU au comité technique académique du 11 janvier 2012
Monsieur le Recteur, mesdames et messieurs les membres du comité technique académique
Le gouvernement a engagé sa dernière année de législature en accentuant la saignée qu’il impose au service public de l’Education Nationale avec acharnement depuis 2007. Le dogme de la réduction des dépenses publiques se pratique avec un catéchisme récité frénétiquement : « leviers d’action », « gisements d’efficience », « performance globale », « non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite »... cette liturgie augmente les effectifs par classe, supprime les décharges statutaires, rétrécit le maillage territorial, affaiblit les capacités de remplacement...
La France est une puissance économique parce que l’Education lui assure un haut niveau de qualification et donc de productivité du travail. La France est une République démocratique et laïque pérenne tant que l’école est en mesure d’émanciper les individus et de former des citoyen-ne-s. Avec cet aveuglement idéologique c’est l’avenir du pays, qui est ainsi volontairement compromis Le projet du président – candidat décliné à Poitiers en ce début d’année 2012 promet d’accentuer les logiques à l’œuvre et de casser l’Education Nationale.
Pour les élèves c’est moins de sécurité au final, pour les personnels plus de pressions, de souffrance au travail... Au projet de loi de finance 2012 ce sont 14 280 postes pour la mission « enseignement scolaire » qui sont supprimés, parmi eux, 5 700 dans le premier degré, 6 550 dans le second degré et 400 emplois administratifs. Le bilan de la mandature est de 71 000 postes supprimés depuis la rentrée 2008. Le système craque de toute part, les enquêtes internationales en témoignent. Ce gigantesque plan social nous place en état d’alarme sociale.
L’Académie de Limoges, lourdement ponctionnée au rythme des plans successifs, est particulièrement affectée par les annonces de suppressions d’emplois à la rentrée 2012. 147 emplois dans le secondaire, 131 dans le premier degré et 12 emplois administratifs.
Tout cela en dépit de réalités d’un territoire rural où de sérieuses difficultés socio-économiques sont mesurées. Nous renouvelons notre avertissement sur l’incapacité qui en résulte de répondre aux enjeux de la démocratisation et de la réussite de tous les élèves.
Nous dénonçons particulièrement les suppressions d’établissements que vous avez programmées avec le Lycée professionnel du Mas Jambost et l’EREA de Meymac, lourde de conséquences pour des élèves nécessitant un cadre scolaire spécialisé. Nous ne sommes pas dupes de celles à venir que les suppressions de filières désignent assez clairement dans votre projet. La FSU prendra ses responsabilités en le combattant fermement et en apportant son soutien aux équipes enseignantes, éducatives, ATOSS et aux usagers qui d’ores et déjà se mobilisent.
L’enseignement primaire en sortira exsangue. La pré scolarisation dont l’importance avait été soulignée par l’enquête PISA de 2009 pour atténuer l’impact des inégalités sociales sera sacrifiée, l’aide à l’enfance en difficulté (RASED) définitivement achevée, le maillage rural fragilisé.
Cette politique réduit à rien les engagements de l’État en terme d’aménagement du territoire, est source de gabegies financières en faisant fi d’investissements importants réalisés par les collectivités territoriales en Limousin il démoralise les équipes pédagogiques et éducatives en ruinant la logique de projet et les équipes administratives au rythme des « réorganisations-désorganisations ». Cette politique conduit à l’échec comme la nuée annonce l’orage. La FSU, première organisation syndicale représentative de l’Education en France et dans l’académie apportera tout son savoir faire et son soutien aux luttes en cours et prendra ses responsabilités pour nourrir la résistance nécessaire à cette politique contraire aux intérêts de la Nation en général et de notre Académie en particulier.