SNES – FSU INTERVENTION CTA 14 décembre 2012
Les documents préparatoires transmis sont éclairants en cela qu’ils procurent une photographie de la réalité de la rentrée 2012 dans notre académie.
Plusieurs indicateurs confirment les alertes que nous avions adressées à votre prédécesseur sur les logiques régressives à l’œuvre résultant tout à la fois des pertes d’emplois inscrites dans la RGPP mais aussi de la mise en œuvre de réformes des enseignements ne servant en aucun cas l’intérêt général des élèves mais aggravant les inégalités et tournant le dos à toute perspective de démocratisation et d’élévation du niveau général des qualifications.
Ainsi pour ce qui est des sorties après la classe de troisième, on observe sur une longue période une baisse de l’accès en classe de seconde générale et technologique et une augmentation des sorties sans qualification. Le collège s’enfonce dans les difficultés, jamais les effectifs n’y ont été aussi chargés quand dans le même temps les marges de dédoublement ou d’aide aux élèves n’ont jamais été aussi faibles.
Concernant l’accès au bac et la proportion d’une classe d’âge obtenant le bac, alors que l’académie s’est longtemps située dans les premiers rangs au niveau national elle se situe aujourd’hui en dessous de la moyenne nationale. Cet élément est d’autant plus inquiétant si on le corrèle avec le sort de la voie technologique dont le nombre élèves baisse depuis la réforme du lycée alors que cette série a joué un rôle majeur dans la démocratisation et les progrès des taux d’accès au bac et au post-bac.
Ces régressions sont préoccupantes, notre première question est de vous demander quelles réponses allez-vous apporter pour inverser ces tendances ?
D’autres questions sont également préoccupantes, j’en retiendrai une : celle du du fonctionnement des vies scolaires. Le document donne des éclairages édifiants sur la catégorie des AED. Au moment où plusieurs rapports soulignent la pauvreté grandissante de la jeunesse dans notre pays, on constate que les étudiants ne constituent plus que 29 % des AED alors qu’ils étaient tous étudiants dans le corps des MI/SE, ce qui en faisait d’ailleurs un excellent vivier pour les métiers de l’enseignement. Quelles mesures comptez- vous prendre là encore pour rétablir ce qui prévalait dans le corps des MI/SE ? Au moment où sévit une grave crise de recrutement, à côté d’indispensables pré recrutements le statut d’AED doit être profondément modifié pour jouer un rôle d’ascenseur social et permettre à des jeunes de financer leurs études. Autre question préoccupante, l’avenir du service public d’information et d’orientation et de ses personnels : les conseillers d’orientation psychologues jouent un rôle important auprès des jeunes dans la construction d’un projet d’orientation, leur travail conjoint avec les autres membres de l’équipe éducative est incontestablement un atout : nous récusons d’avance tout ce qui irait dans le sens de la disparition de la présence des COP dans les établissements.
Ce que nous attendons, c’est que la rentrée 2013 marque une rupture avec les logiques que connaît le second degré depuis des années : rupture avec l’incessante décrue des emplois, rupture dans la substitution d’heures supplémentaires aux emplois pérennes, rupture dans les conditions d’entrée dans le métier, rupture dans la recherche systématique de structures à 30 en collèges et 35 en lycées, mais aussi rupture dans les réformes mises en place.
Nous n’oublions pas non plus la nécessité de rupture dans les modes de gestion et de gouvernance tant du système éducatif que des établissements. Il faut en finir aussi avec les logiques d’autonomie et de concurrence entre établissements qui aggravent les inégalités alors que la raison d’être du service public est de les diminuer.
Vous le voyez nos attentes sont fortes. Elles sont à la mesure de notre ambition pour les jeunes, pour le système éducatif et pour notre société. Réussir la refondation de l’Ecole exige la mobilisation de tous : les personnels de second degré que nous représentons sont prêts à relever le défi dès lors qu’ils auront l’assurance que s’engage une véritable rupture dans la politique éducative.
Comité Technique Académique du 14 décembre 2012 Déclaration de la Fédération Syndicale Unitaire
M Le Recteur,
Ce constat de rentrée 2012-2013 confirme nos prévisions de dégradation du service public de l’Education Nationale. Il a une paternité qu’il nous paraît important de souligner avec la constance des politiques du gouvernement précédent et leur mise en musique par vos prédécesseur-e-s.
La FSU, première fédération représentative des personnels de l’Education Nationale dans l’académie comme au plan national a évidemment pris sa part de responsabilité que ce statut nous confère dans la contestation vigoureuse et argumentée de ces politiques iniques et mortifères, dans les instances de la démocratie sociale, sur nos lieux de travail et dans la rue, en lien avec les usager-e-s.
Il nous faut donc constater que notre service public s’est affaibli. Nous notons dans les documents fournis combien les prévisions d’effectifs ont pu être à ce point tordues par des projections à la baisse dans le premier comme dans le second degré, brandissant l’argument alibi de la baisse démographique, que notre connaissance du terrain nous a permis de contester.
Aujourd’hui il y a moins de monde pour enseigner, pour éduquer, pour en accompagner le fonctionnement administratif, pour orienter... L’Education Nationale a été délibérément affaiblie et les personnels écœurés. A travers le CHSCTA et les CHSCTD, nous mettons en évidence l’impact de ces politiques sur les conditions de travail. Le dialogue social a été volontairement méprisé au profit d’une sorte de management entrepreneurial funeste et d’une communication manœuvrière se déclinant du ministre au recteur. Nous avons à reconstruire sur tous les plans et l’Etat doit regagner la confiance des partenaires sociaux. C’est notre bilan de rentrée.
La donne politique a changé, des annonces ont été faites, des processus engagés, le budget 2013 de la Nation est connu. Des tentatives de ruptures doivent être saluées dans l’arrêt des suppressions de postes. Toutefois la réparation des préjudices causés n’est pas concrètement engagée et une logique globale de rigueur budgétaire laisse craindre des continuités inacceptables que le gouvernement doit lever. La continuité du gel du point d’indice est un signe inquiétant tant la question de la revalorisation salariale des fonctionnaires est cruciale au regard de la perte du pouvoir d’achat que nous avons mis en évidence, de la juste rémunération et de l’attractivité des métiers.
La FSU s’est engagée dans la concertation sur la refondation de l’Ecole même si nous regrettons que les personnels n’y aient pas été réellement associés. Nous attendons le processus de négociations sur le projet de loi d’orientation. La loi devra réaffirmer le rôle primordial du service public d’éducation de la formation initiale sous statut scolaire dans le double objectif d’élever le niveau de qualification des tous les jeunes et de faire baisser significativement le nombre de sorties sans diplômes. Beaucoup de questions demeurent (complémentarité entre formation professionnelle sous statut scolaire et apprentissage, le traitement du décrochage des jeunes).
Nous tenons à affirmer notre opposition à un transfert aux Régions du pilotage de la carte des formations professionnelles organisant de fait des réponses étroites à des intérêts locaux et à autant de systèmes de formation initiale que d’exécutifs régionaux ainsi qu’au transfert de compétence des CIO à ces même Régions et nous avons entendu les engagements de conserver les COPSY dans la FPE.
La FSU demande au gouvernement d’engager les réformes et les mesures ambitieuses pour transformer en profondeur une société malade des inégalités, dont l’Ecole de la République est l’outil majeur de la réussite pour tou-te-s.