Monsieur le Recteur,
L’ouverture d’une FPMA revêt toujours une certaine solennité, nous savons tous que ce qui va s’y discuter est extrêmement important non seulement pour les personnels en attente d’une affectation, mais aussi pour l’ensemble des personnels des établissements de second degré de l’académie parce que la FPMA permet d’entrevoir quelle sera la réalité de la prochaine rentrée scolaire dans les établissements.
Cette année s’y ajoutent des conflits sur des questions majeures lourdes de conséquences pour l’avenir du Service Public d’Education.
C’est le cas de la réforme territoriale, mise en œuvre à marche forcée, qui impacte de nombreux services de l’Etat, sans que l’on voie la plus value en terme de cohérence territoriale, ni de prise en compte de l’intérêt général. L’Education Nationale risque d’être touchée de plein fouet dans notre Région avec la menace d’une disparition pure et simple de l’académie de Limoges et de son rectorat ! Nous ne pouvons accepter une telle perspective. Nous sommes mobilisés aux cotés des personnels du rectorat inquiets pour leur avenir professionnel. Nous sommes également mobilisés pour le maintien du rectorat de Limoges car nous pensons que la disparition du rectorat serait un mauvais coup porté au service public d’éducation dans notre région. La prise en compte de la ruralité de notre académie serait à coup sûr moindre dans le cadre d’une gestion effectuée de Bordeaux ou de Poitiers : petits établissements ruraux, carte des formations en feraient immanquablement les frais ! Or nous sommes résolument attachés à l’existence d’un service public de proximité parce que nous savons que c’est décisif pour permettre notamment aux populations d’élèves les plus fragiles de poursuivre des études et d’acquérir diplômes et qualifications.
Le second conflit majeur concerne la réforme des collèges qui est massivement rejetée par la profession. Non parce que le collège n’aurait pas besoin d’être réformé mais parce que la réforme Vallaud Belkacem ne permettra pas au collège de surmonter les difficultés et les défis auquel il est confronté aujourd’hui. Aucune amélioration des conditions d’encadrement et d’enseignement, renvoi au local au travers d’un renforcement de l’autonomie des établissements, fragilisation des horaires d’enseignement sont rejetés par les enseignants. En publiant les décrets collège au lendemain d’une grève majoritaire dans les collèges la ministre et le gouvernement ont pris une décision qui a instauré une rupture de confiance et un conflit durable avec la profession. Un tel passage en force a suscité colère et incompréhension. Le gouvernement semble avoir privilégié de façon cynique l’affichage de sa volonté politique à faire des réformes plutôt que le contenu même de la réforme et le dialogue avec la profession. La Ministre doit aujourd’hui reconnaître qu’elle est dans une impasse et retirer le décret collège préalablement à l’ouverture de nouvelles discussions sur l’avenir du collège. Laisser la situation en l’état serait irresponsable pour l’avenir du système éducatif et de nos professions.
S’agissant du mouvement intra, les constats que nous pouvons faire n’invitent guère à l’optimisme non plus. Les effets de la crise de recrutement se font sentir à la fois au travers des quelques postes restés vacants à l’issue du mouvement et surtout au travers de la baisse du nombre d’affectations sur zone de remplacement. Le remplacement sert à nouveau de variable d’ajustement ce qui annonce des difficultés encore aggravées par rapport aux années précédentes pour les remplacements. L’anglais, les lettres modernes, les mathématiques notamment sont des disciplines complètement sinistrées. Nous redisons ici avec force qu’il est urgent de redonner de l’attractivité à nos métiers, de les revaloriser au plan salarial, de mettre en place des pré recrutements. Ne pas le faire contribue à fragiliser encore davantage l’ensemble du Service Public d’Education. Or tout ce qui fragilise le Service Public d’Education met aussi en péril l’avenir de l’ensemble de la société, parce que ce sont l’accès aux qualifications, le dépassement des inégalités scolaires, l’acquisition de savoirs et de valeurs communes qui se jouent à l’Ecole. En cette période de crise sans précédent de la démocratie, l’école a pourtant un rôle décisif à jouer ce qui n’est pas suffisamment le cas actuellement.
Nous voudrions terminer en remerciant les personnels de la DIPER pour leur travail et leur disponibilité dans une période dont nous savons qu’elle est tout particulièrement difficile pour eux. Le travail en confiance avec les services a permis que toutes les demandes d’amélioration que nous avons formulées aient été intégrées.
Enfin nous voudrions cette année encore déplorer que des membres de la FPMA se soient affranchis de leur devoir de confidentialité en diffusant des informations relatives aux affectations, non vérifiées et susceptibles d’être modifiées en commission, avant la tenue de celle-ci.