Depuis 2017, le Service public d’Éducation est malmené et si l’annonce récente du renoncement à la suppression de 4000 emplois d’enseignant
En outre, les réformes engagées mettent gravement à mal le système éducatif et marquent le renoncement à l’ambition générale d’élévation des qualifications et de démocratisation de la réussite scolaire. Elles sont fortement rejetées par une large majorité des personnels. Au collège, la volonté d’interdire la poursuite de la scolarité pour plus de 15 % des élèves dans l’une des trois voies du lycée, via un DNB couperet, était inacceptable, socialement et scolairement. Que la ministre Borne y renonce est un premier pas, que nous mettons à l’actif de nos mobilisations, mais la réforme dite du « choc des savoirs » doit être abandonnée dans son ensemble au profit d’un allègement des effectifs dans les classes, dans toutes les disciplines. Le renoncement aux groupes de niveau en 4e et 3e doit s’accompagner aussi de celui de l’organisation de groupes de niveau en 6e et 5e, car les professeurs refusent de trier les collégien nes dès la sixième puisqu’ils connaissent les résultats désastreux que cela engendre, largement documentés par la recherche. Quant aux classes prépa Seconde, inutile d’attendre un an de plus pour les supprimer, leur sort est réglé.
Au lycée, la réforme Blanquer a profondément déstructuré les apprentissages, renvoyant les jeunes à des choix précoces déterminants pour leur avenir dès la fin de la classe de Seconde. Le bilan que l’on peut établir sur les choix des spécialités notamment scientifiques montre un renforcement des déterminismes sociaux et de genre. Le contrôle continu a altéré le lien pédagogique et met les lycéen nes sous pression empêchant la sérénité nécessaire aux apprentissages. D’autant que les incertitudes et craintes liées à ParcourSup pèsent désormais sur les jeunes et leurs familles de plus en plus tôt. Tou tes ont bien compris que ParcourSup vise à limiter l’accès à l’enseignement supérieur. La visibilité offerte par Parcoursup à des formations privées sans aucune garantie sur la qualité de la formation, ou la réalité du niveau de certification, n’est pas acceptable. Si la ministre affiche aujourd’hui une volonté tardive mais louable d’opérer des vérifications, il n’en reste pas moins que cette offre émanant du privé prospère sur l’insuffisance des places offertes dans l’enseignement supérieur public dans lequel Emmanuel Macron a refusé d’investir face à l’afflux des étudiant es. La situation des universités publiques, contraintes de réduire le contenu des maquettes de formations ou d’en supprimer, est aujourd’hui inquiétante et révoltante.
D’autre part, le projet de réforme du recrutement des enseignant es à Bac+3 suscite un profond rejet chez les professeur es du Second degré. Un recrutement l’année de la licence amorcerait une baisse du niveau du recrutement inédite alors même que les savoirs se complexifient tout comme les situations d’apprentissage. Un tel recul irait de pair avec le renoncement à considérer les enseignant es comme des spécialistes, capables de concevoir les démarches didactiques les plus pertinentes pour en faire des exécutant es mettant en œuvre des pratiques standardisées et appauvries qui ne pourraient conduire qu’à de nouveaux reculs des performances de notre système éducatif. Relancer l’attractivité de nos métiers ne passe pas par un abaissement du niveau de recrutement mais par la hausse des salaires et l’amélioration des conditions de travail. La volonté du gouvernement Bayrou de diminuer de 10 % la rémunération des agent es publics en arrêt maladie, ou les annonces de la ministre Borne sur les mutations et les rythmes scolaires envoient au contraire des signaux très négatifs.
Enfin, si des réécritures de programmes devaient aboutir, elles ne le pourraient qu’après un temps de consultation sincère des professeur es et de leurs organisations syndicales représentatives en respectant le dialogue au sein des instances, ce qui nécessite a minima de ne pas les conduire dans l’objectif de la rentrée 2025. De nouveaux programmes nécessitent de nouveaux manuels, dont la labellisation envisagée par les précédent es ministres dans le cadre du « choc des savoirs » n’apporterait rien. En revanche leur financement au lycée se posera. Nous réaffirmons ici notre attachement et celui des enseignant es au manuel papier et à notre souhait de voir perdurer le financement de la Région pour l’équipement des établissements. Au moment où l’exposition aux écrans des jeunes est jugé excessif par beaucoup, il serait paradoxal de leur imposer des manuels numériques.
21 janvier 2025