DECLARATION SNES-FSU CTA 16 décembre 2016

Le bilan de la rentrée 2016 permet de faire un état des lieux du système éducatif dans notre académie. Dans les lycées et les collèges, nous voudrions pointer différents éléments qui sont des signaux d’alerte révélant que le système éducatif reste globalement fragile au delà de l’affichage de performances honorables. Le taux de réussite au bac, par exemple, reste élevé mais l’académie connaît désormais un taux de réussite qui la situe juste en dessous de la moyenne nationale et ne la place qu’au 16e rang alors qu’elle se situait au 8e rang en 2015 et au 7e en 2014. Si l’on remonte dans les années 80/90, Limoges se situait dans les académies en tête dans les classements. Concernant le taux de réussite au DNB l’académie là-aussi décroche et se situe au 15e rang alors qu’elle était au deuxième rang en 2008 et au quatrième en 2009. Faut-il y voir les effets des suppressions massives d’emplois dans les années 2007-2012 puisque l’académie de Limoges a été, dans cette période, la plus ponctionnée des académies métropolitaines ? Nous le pensons. Autres données à regarder avec attention, celles relatives à la baisse des redoublements, alors même qu’aucune mesure n’existe pour permettre aux élèves de surmonter leurs difficultés. Le risque est de former des élèves de plus en plus « fragiles » dont les difficultés finissent par compromettre la poursuite d’études et pas seulement dans la première année de post bac. A cet égard l’augmentation des taux de sorties post-troisième qui va de pair avec une baisse des taux de passage vers la seconde générale et technologique est préoccupant. Enfin, ne faut-il pas voir aussi dans l’augmentation du nombre d’élèves scolarisés dans le privé un autre signe de mauvaise santé ?
Par ailleurs, les taux d’encadrement n’évoluent pas significativement et les tensions restent fortes dans les établissements que ce soit en lycée ou en collège. La mise en place de la réforme Vallaud Belkacem dans les collèges conduit à une situation que l’on connait déjà dans les lycées depuis la mise en place de la réforme Chatel, à savoir l’éclatement de cadres de références et l’autonomie accrue qui conduisent à une grande diversité de situations dans les horaires et les modalités d’enseignement. Les choix opérés sont loin de l’avoir toujours été en fonction d’objectifs discutés, débattus démocratiquement, et au service de la réussite des élèves. Le désarroi et l’épuisement professionnel sont majeurs dans les collèges en cette fin de premier trimestre avec des enseignants qui nous disent qu’ils n’arrivent plus à faire correctement leur travail. Nous savons que les corps d’inspection mènent en ce moment des visites pour établir un premier état des lieux et bilan de la mise en place de la réforme, nous souhaitons naturellement en connaître les conclusions dès qu’elles seront disponibles. Mais il est d’ores et déjà clair que la réforme Vallaud Belkacem du collège pose plus de problèmes qu’elle n’en résout, et que sa mise en place à marche forcée restera comme un terrible gâchis de la politique éducative du quinquennat.
Enfin, nous nous étonnons du parti pris d’une présentation du constat de rentrée qui met l’accent de façon systématique sur les « sur consommations », les « marges ». L’objectif est il de mettre en avant une prétendue souplesse de fonctionnement et une relative « aisance » dans les dotations ? Si tel est le cas, il est évident que vous aurez du mal à convaincre les enseignants que les établissements fonctionnent aujourd’hui avec de réelles marges de souplesse permettant de mieux travailler pour la réussite de tous les élèves qui nous sont confiés. Autre hypothèse expliquant ce parti pris : faire apparaître des « sur dotations » pour flécher des suppressions d’emplois à venir ? Cela nous paraît, dans le contexte que nous connaissons, bien imprudent.
Pour conclure nous souhaitons réaffirmer que nous ne pouvons nous satisfaire d’un système éducatif qui ne parvient qu’imparfaitement aujourd’hui à remplir ses missions. Les inégalités scolaires perdurent et notre système éducatif reste très ségrégatif socialement, la dynamique de progrès dans l’accès aux qualifications semble enrayée, les savoirs, les valeurs et la culture qui devraient être acquis et partagés par tous les jeunes ne le sont pas suffisamment. Nous restons pourtant convaincus que l’Ecole a un rôle déterminant à jouer pour l’avenir des jeunes et pour l’avenir de la société : c’est ce que nous continuerons inlassablement à faire entendre.