Conférence de presse SNES-FSU
Lundi 2 septembre 2013
Une rentrée qui s’inscrit dans la continuité des rentrées précédentes et ne met pas en œuvre les changements et les ruptures attendus et nécessaires pour donner un nouvel élan au système éducatif. L’élan que devait susciter la loi d’orientation et de refondation est retombé. Certes une augmentation du nombre de recrutements a été programmée, ce qui est positif même si son effet est largement tempéré par la hausse démographique, mais aucune véritable perspective n’est tracée pour que le système éducatif connaisse de nouvelles dynamiques. Il en a pourtant bien besoin si l’on examine par exemple la stagnation dans l’accès aux qualifications et le nombre de sorties sans qualification.
Une rentrée dans la continuité des rentrées précédentes qui dans notre académie va conduire à ce que, malgré les quelques moyens supplémentaires alloués et du fait d’une hausse des effectifs, les taux d’encadrement ne s’améliorent pas. Rappel des données sur notre académie : pour les collèges et les lycées, 10 emplois supplémentaires pour + 200 élèves. Le nombre d’élèves par classe est un marqueur essentiel et à cette rentrée comme les années antérieures, les classes sont très chargées : en collèges, la très grande majorité est à 30 élèves par classe, en lycée, les classes sont à 35 en seconde quasiment partout et les effectifs en première et terminale sont également autour de 35. Si cette donnée relative aux effectifs est constamment mise en avant et dénoncée c’est qu’elle a des conséquences décisives sur les conditions dans lesquelles élèves et enseignants travaillent et sur la réussite des élèves. L’absence d’amélioration pour ce qui est des effectifs est la première réalité à laquelle élèves, parents et enseignants vont être confrontés dès demain.
Les vies scolaires seront elles aussi déstabilisées et fragilisées du fait de la suppression de postes d’AED, annoncée début juillet. L’académie de Limoges perd ainsi 35 emplois d’AED. Ce n’est pas l’attribution de quelques contrats aidés dans les établissements qui pourra compenser ces suppressions parce que les contrats aidés ne peuvent jouer le même rôle que les AED.
Autre motif d’inquiétude pour cette rentrée, la question du remplacement des enseignants. Sur cette question on peut carrément parler de dégradation et non de continuité. Un premier bilan fait apparaître que l’essentiel des personnels Titulaires remplaçants sera déjà en poste dès la rentrée. Ainsi en lettres, en anglais, en histoire géographie et en maths, la totalité des TZR est affectée. On peut prévoir d’ores et déjà les difficultés à venir et le fait que des classes toujours plus nombreuses se retrouveront sans enseignant dans telle ou telle discipline à un moment ou l’autre de l’année. Cette réalité découle directement des suppressions d’emplois subies dans notre académie depuis plusieurs années et de la faiblesse de la dotation académique de cette année, ce que nous avions dénoncé en CTA. Le rectorat essayera donc de faire appel à des personnels non titulaires dont les conditions d’emploi comme l’absence de formation et de perspective d’avenir doivent être dénoncées.
Sur la question de la gestion des personnels remplaçants comme des non titulaires nous dénonçons avec force le refus du Recteur de tout contrôle des élus des personnels sur les affectations. C’est sans précédent dans l’académie. Cette décision incompréhensible et contraire à l’intérêt des personnels comme du service a véritablement heurté les personnels comme l’a montré le rassemblement de protestation devant le rectorat le 8 juillet.
Les conditions d’entrée dans le métier s’inscrivent elles aussi sous le signe de la continuité par rapport à la rentrée 2012. Si nous nous félicitons de l’augmentation du nombre des recrutements, nous déplorons que cette année encore les stagiaires soient avant tous utilisés comme des moyens d’enseignement et soient à plus de 80 % de leur service en responsabilité devant élèves ce qui empêche toute véritable formation. 60 stagiaires vont débuter dans ces conditions dans les lycées et les collèges de l’académie. Nouveauté cette année, des contractuels admissibles feront aussi leurs premiers pas dans le métier (57 dans notre académie). Il s’agit d’étudiants admissibles au second concours de recrutement ouvert en juin 2013 par le Ministre Peillon pour recruter davantage d’enseignants et espérer ainsi surmonter la crise de recrutement que connaissent nos professions. Là encore ces admissibles sont utilisés comme des moyens d’enseignement sans formation préalable. Le rectorat leur a proposé de devenir contractuels pour des contrats de 6 heures en moyenne durant l’année scolaire (soit un tiers de service) et ils devront en plus des heures de cours à assurer, préparer le master et l’oral du concours puisqu’ils ne sont qu’admissibles. Une année compliquée les attend donc, et pour l’instant aucune décharge n’est prévue pour leur affectation comme stagiaire après leur réussite au concours ! Et l’on voit clairement que pour les stagiaires comme pour les contractuels admissibles ce n’est pas la priorité à la formation qui prime mais l’utilisation des néo recrutés comme moyens d’enseignement. La formation des enseignants est pourtant à nos yeux l’un des paramètres essentiels pour que le système éducatif puisse surmonter ses blocages actuels. La mise en place des ESPE, si elle répond à nos attentes, ne permettra de progrès que si l’on sort de la logique qui assimile stagiaires et moyens d’enseignement et que priorité soit donnée à la formation.
Ce rapide bilan fait apparaître de façon criante que seule une augmentation significative du nombre d’enseignants permettra de surmonter les blocages actuels et de mettre en œuvre les réformes structurelles nécessaires en collèges comme en lycées.
Les logiques d’Ecole du socle entérineraient de fait une coupure entre le collège et le lycée et ne se donneraient plus l’ambition d’envisager pour tous les jeunes une poursuite d’études au delà de 16 ans dans l’une des 3 voies du lycée. Voilà pourquoi nous y sommes opposés. Par contre nous plaidons pour une réelle mise en œuvre de transitions entre école primaire et collège, collège et lycée, lycée et enseignement supérieur. Comme nous plaidons pour une remise à plat de la réforme Chatel des lycées qui est rejetée par la grande majorité des enseignants parce qu’elle n’a pas permis de surmonter les difficultés des élèves et en crée de nouvelles notamment avec l’affaiblissement de la voie technologique. Le système éducatif a aujourd’hui besoin de retrouver un élan pour améliorer les taux d’accès aux qualifications, pour lutter contre le décrochage et les sorties sans qualification. C’est une question à nos yeux essentielle pour construire l’avenir et sortir de la crise.
Surmonter la crise de recrutement, attirer les jeunes vers nos métiers supposent aussi de rendre métier attractif : ce n’est pas le cas actuellement. Pèsent négativement à la fois l’image du métier, ses conditions de travail et son niveau de rémunération. Aujourd’hui notre métier est fortement dévalorisé par rapport aux métiers de qualification égale dans le privé, le gel du point d’indice qui pénalise l’ensemble des fonctionnaires renforce ce déclassement.
Le projet de réforme des retraites que vient d’annoncer le Premier Ministre signerait, s’il restait en l’état, de nouvelles dégradations à nos yeux inacceptables. Ce projet de réforme s’inscrit dans la logique des réformes précédentes qui ont montré qu’elles pénalisaient fortement les salariés tout en ne réglant pas de façon pérenne les déficits du régime des retraites. Elle ne revient sur aucune des régressions, pas de retour non plus de la cessation progressive d’activité qui permettait d’opter pour un service allégé en fin de carrière, pas de prise en compte des années d’études. L’allongement du nombre d’annuités nécessaires, l’existence de la décote, la longueur des études, le passage accru par la précarité font que pour les jeunes générations, il faudrait travailler jusqu’à 67 ans pour prétendre à une retraite sans décote et même pas forcément à taux plein !
Nous souhaitons qu’un véritable débat soit ouvert et que l’on sorte du discours convenu sur la fatalité qu’il y aurait à allonger le nombre d’annuités étant donné l’allongement de la durée de vie. D’autres pistes de financement doivent être explorées, l’augmentation de la productivité et de la production de richesses doivent être prises en compte. La lutte résolue contre le chômage, la lutte contre l’évasion fiscale, la mise à contribution des revenus financiers, la refonte des exonérations de cotisations fiscales sont autant de pistes de financement possibles.
Aux côtés des autres salariés du public comme du privé, nous appelons les personnels à la grève le 10 septembre prochain.