CONFERENCE DE PRESSE SNES-FSU
lundi 1er septembre 2014
Une rentrée qui s’inscrit dans la continuité des rentrées précédentes et ne répond pas aux attentes des personnels ni aux nécessités pour que le système éducatif connaisse un nouvel élan. Aucune perspective n’est tracée pour que le système éducatif puisse connaître de nouvelles dynamiques ce qui génère un fort découragement dans la profession.
Une rentrée toujours sous tension : aucune amélioration concernant les taux d’encadrement des élèves, la rentrée 2014 a été préparée dans notre académie dans le second degré sur la base de 13 suppressions d’emplois pour un nombre d’élèves stable. Les classes restent très chargées : en collège, nombre élevé de classes à 30 élèves, en lycée, en seconde quasi généralisation des classes à 35, et de très nombreuses classes de premières et terminales également autour de 35. Si nous mettons constamment en avant les données relatives aux effectifs, c’est parce que c’est un paramètre décisif dont dépendent à la fois les conditions dans lesquelles élèves et enseignants travaillent mais aussi la réussite des élèves.
La question du remplacement des enseignants fait aussi parti des points noirs de la rentrée. La situation ne cesse de se dégrader et on touche désormais un seuil où la continuité du service public va être rapidement mise en péril. Un premier bilan fait en effet apparaître que l’essentiel des personnels titulaires remplaçants est déjà en poste dès la rentrée. Ainsi en lettres modernes, en anglais, en espagnol, en histoire géographie, en mathématiques, en SVT, en musique la totalité des TZR est d’ores et déjà affectée. Des classes risquent donc de se retrouver rapidement sans enseignant. Cette réalité découle directement de la crise de recrutement que connaissent nos professions, ce qui conduit le rectorat au moment des affectations à privilégier la couverture des postes en établissements au détriment des postes de Titulaires remplaçants. Pour faire assurer les remplacements, le rectorat essaiera de faire appel à des personnels non titulaires dont les conditions d’emploi comme l’absence de formation et de perspective d’avenir doivent être dénoncées.
Le dossier de la formation des enseignants reste préoccupant. Nous avons la conviction que la formation des enseignants est un élément décisif pour permettre au système éducatif de progresser et s’améliorer. Or, alors que ministre et recteurs ne cessent de communiquer sur la priorité à la formation la réalité reste plus sombre. Dans notre académie pour une centaine de stagiaires affectés dans le second degré, seuls 35 d’entre eux bénéficieront d’un allègement de service (mi-temps) permettant de dégager du temps pour une véritable formation. Les 75 restants seront à temps complet en établissements alors même que certains d’entre eux n’ont aucune expérience d’enseignement. La logique qui continue à prévaloir est celle de l’utilisation des stagiaires comme moyens d’enseignement à rebours des nécessités de formation. La mise en place de l’ESPE ne permettra de progrès que si l’on sort de cette logique ce qui renvoie à la nécessité de recruter en nombre suffisant et de surmonter la crise de recrutement. On est en effet dans une situation paradoxale où des postes ouverts aux concours ne trouvent pas tous preneurs faute de candidats en nombre suffisant. Nos professions n’attirent plus, nos métiers sont dévalorisés, à la fois socialement, au niveau salarial, et les conditions de travail et d’emploi y sont difficiles. Sans mesures pour redonner de l’attractivité à nos métiers, sans pré recrutements permettant aux jeunes de financer leurs études, on peut craindre une perte notable du nombre de postes ouverts aux concours. Un premier bilan fait ainsi apparaître que plus de 20 % de postes n’ont pas été pourvus aux concours de recrutement 2014, c’est en augmentation par rapport aux années précédentes (14 % en 2013, 10 % en 2012). C’est un problème majeur que les ministres successifs doivent cesser de sous estimer car sans inversion de cette tendance, non seulement toute amélioration du système éducatif sera impossible, mais des dégradations significatives seront inévitables.
Ce rapide bilan (effectifs par classe, remplacement, formation des enseignants) montre de façon criante qu’une augmentation significative du nombre d’enseignants est nécessaire pour permettre de surmonter les blocages actuels et de mettre en œuvre les réformes nécessaires en collèges comme en lycées. Rendre attractif nos métiers est donc une urgence.
Refondation de l’Ecole où en est-on un an après la publication de la loi Peillon ?
S’agissant du second degré, les feux sont actuellement braqués sur les seules relations entre l’école primaire et le collège et sur la généralisation de la mise en place du conseil Ecole-Collège. La création de cette nouvelle instance s’inscrit dans une vision du système éducatif fondée sur un bloc Ecole-Collège qui aurait pour unique objectif l’acquisition de compétences de base et faisant de la rupture école-collège la cause de l’échec scolaire comme si l’échec scolaire n’existait pas déjà dans le premier degré. L’autre danger de cette conception à nos yeux c’est qu’elle entérine de fait une coupure entre le collège et le lycée et renonce à l’ambition d’une poursuite d’études pour tous les jeunes dans l’une des 3 voies du lycée. Nous sommes opposés à toute logique visant à primariser le collège, nous pensons que l’entrée dans des apprentissages disciplinaires assurés par plusieurs enseignants est une étape qui est nécessaire pour que les jeunes progressent dans leurs apprentissages et la structuration de leurs savoirs. Dans le même temps, nous plaidons pour que de véritables transitions soient mises en œuvre à tous les niveaux du système éducatif, école primaire –collège, collège-lycée, lycée-post bac. Ces articulations doivent être fondées sur une meilleure connaissance des pratiques et des cultures professionnelles, doivent permettre du temps de réflexion commune et de concertation entre pairs. L’objectif doit être d’assurer, à tous les niveaux, une continuité pédagogique dans le respect des missions, des pratiques et des statuts de chacun.
Pour ce qui est du lycée, c’est le statu quo, nous demandons toujours, sans être entendus, un véritable bilan de la réforme Chatel, alors que les problèmes sont aujourd’hui nombreux : difficultés de la voie technologique, hiérarchisation des filières, inégalités entre établissements, problèmes liés à l’autonomie renforcée des établissements...Et nous demandons que s’ouvrent rapidement des discussions sur l’avenir du lycée qui est le grand oublié de la loi de refondation.
Durant l’année scolaire 2014/2015, les enseignants seront consultés sur différents sujets majeurs : le socle commun de connaissances, de compétences et de culture, l’évaluation des élèves, les programmes au collège. Le Snes-FSU a pesé pour que ces consultations aient lieu et pour que les propositions des personnels puissent être prises en compte. Ces consultations et les débats qui vont suivre devront se faire sans tabou ni a priori idéologique et en partant de la réalité du terrain. C’est à ce prix qu’ils pourront être fructueux.
Pour conclure, quelques éléments d’appréciation sur la situation économique et politique.
Alors que la France comme la zone euro s’enfoncent dans la crise et la récession, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour remettre en cause la politique de l’offre et de réduction de la dépense publique qui l’accompagne. Le SNES et la FSU ont la responsabilité de contribuer à amplifier et faire entendre le débat sur les alternatives possibles aux choix actuels présentés par le Président et le Premier Ministre comme étant les seules options possibles. Nous avons la responsabilité de faire entendre qu’investir dans le Service Public d’Education, dans la formation, dans la recherche, comme dans l’ensemble des Services Publics est un facteur de sortie de crise.