Grève majoritaire dans les collèges de l’académie de Limoges Le gouvernement doit tenir compte de l’avis exprimé par les professeurs
Mardi 19 mai 2015, les professeurs étaient appelés à faire grève par une intersyndicale représentant 80 % des suffrages exprimés lors des élections professionnelles de décembre 2014.
Une majorité de professeurs a répondu à cet appel en se mettant en grève pour exprimer son opposition à la réforme du collège portée par la Ministre : le taux de grévistes dans les collèges est proche de 60 % (*). C’est une mobilisation extrêmement forte.
Les enseignants ont exprimé leur rejet de la réforme du collège Vallaud Belkacem qui ne répond à aucune des difficultés que connaît le collège aujourd’hui et va même les accroitre. Alors qu’il faudrait alléger les effectifs, renforcer les possibilités de prise en charge de la difficulté scolaire, consolider les temps d’apprentissage, renforcer la cohérence des programmes, faciliter le travail collectif des équipes enseignantes, les seules réponses apportées consistent à fragiliser les horaires d’enseignement et à renvoyer au local les choix contraints dans le cadre d’une autonomie renforcée.
Dans ce contexte, le gouvernement doit entendre l’avis des professionnels qui pratiquent le métier au quotidien et qui font fonctionner le service public d’éducation. Le projet doit être retiré et les discussions doivent reprendre sur d’autres bases car il y a urgence à bien réformer le collège : il ne suffit pas de tenir des discours pour combattre l’échec scolaire, les inégalités scolaires et le déterminisme social. Il faut prendre les bonnes mesures, celles qui marchent, celles qui mobilisent la profession dans un projet partagé.
Le gouvernement choisira-t-il de passer en force et de faire la sourde oreille, faisant mine de croire que les professeurs mobilisés ne seraient que des conservateurs ? Ce serait alors une victoire à la Pyrrhus, pour une majorité qui se couperait alors durablement des professeurs et qui se priverait du soutien de ceux qui, concrètement, en dernier ressort, détiennent les clefs du succès ou de l’échec de cette réforme.
Le pire serait le sentiment de gâchis et d’occasion manquée qui pourrait s’installer en cas de refus de négocier. L’intérêt général commande de reprendre les discussions sur d’autres bases.
Pour le Secrétariat académique
Patrice Arnoux, Marianne Corrèze
(*) le taux de grévistes est systématiquement minoré du fait du mode de calcul retenu par le rectorat qui rapporte le nombre de personnels grévistes à l’ensemble des personnels, enseignants ou autres, qu’ils enseignent en collège ou en lycée, qu’ils soient ou non en service.