Une loi d’orientation contre les personnels et l’intérêt des élèves ?
Le contenu du projet de loi d’orientation et de programmation, dite de « refondation de l’Ecole », commence à se préciser, en particulier à travers les déclarations du ministre.
Certaines propositions sont pour le SNES-FSU totalement inacceptables ; certaines d’entre elles sont vécues comme de véritables provocations.
Alors que le projet d’« Ecole du socle », contesté dans la concertation, n’avait pas été repris par le rapport sur la « refondation de l’Ecole », le ministre, contrairement à ses propos au CSE1 du 11 octobre, semble vouloir le réintroduire par le biais d’une expérimentation inscrite dans la loi.
Ce projet vise, en fait, à fusionner le premier degré et le collège.
Non seulement cette fusion est rejetée par la masse des enseignants du second degré, mais, de plus, elle ne répond pas aux constats faits par tous sur l’origine des difficultés rencontrées par 15 à 20% des élèves en fin de CM2. Ces expérimentations, moins laboratoires d’évolutions du système éducatif que tentatives de généralisation par le local, conduiraient même à remettre en cause la structuration disciplinaire du second degré et le statut des enseignants en imposant à certains professeurs en collège de devoir enseigner dans le premier degré et réciproquement.
Semble aussi prévue une décentralisation du pilotage de la carte des formations professionnelles vers les Régions. Cela signifierait que ces dernières décideraient en dernier lieu des créations et suppressions de sections dans les lycées professionnels et pour les STS2, voire même les sections technologiques.
Le SNES-FSU s’oppose à ce transfert qui oublie que l’organisation de cette carte dépasse pour de nombreuses formations le cadre de la Région. Il conduirait à des offres pilotées essentiellement par des besoins locaux et immédiats et occulte le fait que c’est l’Etat qui a la charge de la gestion et la rémunération des personnels enseignants, élément prépondérant dans le financement des formations professionnelles initiales.
Le ministre confirme le maintien des CO-Psy3 dans la Fonction Publique d’Etat. Cependant, par le transfert des CIO4 aux Régions, ils seraient placés sous la double tutelle Etat-Région passant de l’une à l’autre en fonction de leurs activités. Ces mesures inacceptables seront de plus sources de dysfonctionnements incessants.
A elles seules, ces mesures sont à ce point inacceptables pour le SNES-FSU qu’elles créeraient une situation de conflit majeur entre les personnels du second degré et le ministre si ce dernier maintenait son intention de les faire figurer dans le projet de loi.
Par ailleurs, force est de constater que rien n’est fait aujourd’hui pour modifier les dispositifs les plus contestés et les plus problématiques de la réforme des voies technologique et générale du lycée, rien n’est annoncé pour améliorer la situation dans les collèges qui verraient même resurgir le socle commun de la loi de 2005 et son LPC5, rien n’est envisager pour améliorer les conditions de travail et de rémunération des enseignants, qui se sont considérablement dégradées ces dernières années.
Le SNES-FSU attend du ministre qu’il tienne ses engagements en matière de dialogue social et sa promesse de ne pas « refonder l’Ecole » contre les personnels.
Les Etats généraux du second degré organisés le 25 octobre par le SNES-FSU, le SNEP-FSU et le SNUEP-FSU seront l’occasion de débattre de ces dernières propositions ministérielles au regard des attentes des personnels.
1 Conseil Supérieur de l’Education
2 Sections de Technicien Supérieur
3 Conseillers d’Orientation - Psychologues
4 Centres d’Information et d’Orientation
5 Livret Personnel de Compétences