Halte aux fermetures sauvages de classes prépas
1er juin 2011
Certains rectorats utilisent la procédure admission post bac (APB) pour restreindre les moyens alloués au fonctionnement des classes préparatoires (CPGE), voire pour fermer des classes.

Première étape Ces rectorats considèrent qu’une CPGE doit accueillir 48 élèves : c’est la capacité d’accueil. Cela est contraire à l’esprit de la procédure APB selon lequel chaque lycée doit fixer sa capacité d’accueil en fonction du type de classe, de l’environnement et des effectifs des années antérieures. Le nombre de 48 est un effectif maximum, nullement un objectif à atteindre dans toutes les CPGE.
Deuxième étape Des rectorats menacent les lycées qui n’atteignent pas les 48 élèves par classe de diminuer leur dotation horaire (DHG) l’année suivante, par exemple en faisant un abattement fonction du nombre d’élèves manquants. L’académie de Paris a été particulièrement touchée cette année ; suite à mobilisation et actions du SNES, le rectorat a un peu reculé.
Troisième étape Certains rectorats, constatant que l’effectif 48 n’a pas été atteint cette année, décident de n’accorder les moyens futurs que pour une « demi-classe » et obligent les établissements à afficher une capacité d’accueil de 24. Ces lycées entrent alors dans une spirale d’effectifs décroissants avec à terme un risque de fermeture de leur classe préparatoire.
Des exemples
Dans l’académie d’Amiens, le Rectorat décide de limiter la capacité d’accueil de la MPSI du lycée Pierre d’Ailly de Compiègne à 24, alors que ce lycée pourrait recruter une trentaine d’élèves au vu des demandes actuelles ;
Même situation dans l’académie de Poitiers au lycée Guez de Balzac d’Angoulême ;
Dans l’académie de Limoges, le Recteur ferme de fait une des deux PCSI du lycée Gay-Lussac en affichant une capacité d’accueil de 48 (au lieu de 96 pour 2 classes). Le rectorat s’affranchit ainsi du dialogue avec le ministère de l’enseignement supérieur (MESR) qui est censé rendre les arbitrages sur la carte scolaire des CPGE ;
Dans l’académie de Dijon, limitation de la capacité d’accueil de la PTSI du lycée La Prat’s de Cluny à 24. Le SNES a saisi l’IG de STI et il semble y avoir eu intervention.
À chaque fois ce sont des classes préparatoires de proximité qui sont menacées ; la filière PTSI-PT par exemple est une véritable voie d’ouverture sociale en CPGE.
Que fait le SNES ?
Le SNES initie la mobilisation locale, avec l’appui des S1 et des S3. En effet, le rapport de force est la condition indispensable pour contrer les mauvaise décisions des Recteurs aux pouvoirs sans contrôle. Les collègues alertent les élèves ou futurs élèves, les parents, la presse. Ils recherchent l’appui des élus locaux qui tiennent à défendre les CPGE sur leur territoire et qui peuvent interpeler les Recteurs ou les Ministres. Le soutien des associations de CPGE est important car il permet de sensibiliser les collègues des autres prépas et de se rendre compte que les problèmes ne sont pas isolés.
Le secteur prépa du SNES est intervenu sur les différents dossiers évoqués plus haut, auprès des inspections générales et des deux ministères concernés, l’Éducation nationale qui gère les moyens, l’Enseignement supérieur qui arbitre les décisions de carte scolaire.
Le secrétariat général du SNES a envoyé un courrier aux deux ministres (MEN, MESR) rappelant notamment les éléments des différentes circulaires concernant l’admission en CPGE, que les Recteurs ne respectent pas.
Ce courrier est reproduit ci-dessous.

Nous souhaitons attirer votre attention sur des anomalies touchant la gestion de la procédure admission post bac (APB) dans certains rectorats.
Dans trois académies au moins, Limoges, Poitiers et Amiens, les recteurs ont décidé de diminuer les capacités d’accueil de certaines classes préparatoires, sans concertation avec l’établissement dans lequel elles sont implantées. Ces classes sont ainsi mises dans l’impossibilité de recruter un nombre d’élèves suffisant pour assurer leur pérennité puis sont menacées à terme de fermeture.
Ainsi à Limoges, le Recteur a décidé, sans vous en informer, de fermer une des deux classes PCSI du lycée Gay-Lussac, en affichant une capacité d’accueil de 48 élèves. A Compiègne, le Recteur affiche une capacité d’accueil de 24 élèves dans la MPSI du lycée Pierre d’Ailly, alors que les effectifs tournent généralement autour de 30. La situation est analogue au lycée Guez de Balzac d’Angoulême. Une situation analogue au lycée La Prat’s de Cluny semble en voie de résolution pour la classe de PTSI.
Dans tous les cas, ce sont des classes préparatoires de proximité qui sont menacées, alors que vous affichez l’ouverture sociale des CPGE comme l’un de vos objectifs.
Nous vous demandons d’intervenir de façon urgente pour que, dans l’ensemble des académies, la procédure APB soit respectée, en rappelant aux rectorats les termes maintes fois répétés par circulaire : « Il est, à cet égard, important de veiller à ce que la capacité d’accueil affichée dans le portail soit attractive, de manière à ne pas décourager les candidatures » (circulaire n° 2010-0015).
Nous vous demandons d’intervenir pour que dans les 3 académies précitées, les capacités d’accueil soient fixées en conformité avec vos arbitrages sur la carte scolaire des CPGE et les demandes des établissements, comme ce fut décidé lors du lancement d’APB puisque les recteurs doivent « mettre en œuvre, de manière contractuelle, cette démarche préalable de détermination des capacités d’accueil avec les chefs d’établissement comportant des CPGE » (circulaire n° 2002-253).