DÉCLARATION SNES-FSU CAEN 24 JANVIER 2014


La loi de Refondation de l’École n’a pas apporté l’élan qui était attendu. Si l’objectif affiché d’élévation générale des qualifications ne peut qu’être partagé par tous, l’ambition pour y parvenir, à tous les niveaux du système éducatif, n’est pas à la hauteur des nécessités. L’amélioration des conditions d’étude des élèves n’est pas abordée alors qu’elle est déterminante pour engager tous les jeunes dans la voie de la réussite. L’amélioration des conditions d’études est aussi déterminante pour permettre à toute une génération d’accéder aux niveaux de qualification dont notre pays a besoin. Par ailleurs, les orientations définies depuis 2005, comme les réformes mises en place et contestées par les enseignants parce qu’elles sont contre-productives, sont maintenues. Par exemple l’évaluation par compétences au collège, au travers du LPC, unanimement décriée n’est pas remise en cause alors qu’elle génère perte de temps et perte de sens et ne permet pas aux élèves en échec scolaire de surmonter leurs difficultés.
Rétablir la formation des enseignants est une décision qui s’imposait. La formation des maîtres est en effet un paramètre important pour améliorer le système éducatif. Toutefois, pour la présente année scolaire, les stagiaires n’ont pas eu d’améliorations dans leurs conditions de stage et l’année prochaine, seule la moitié d’entre eux aura accès à une formation, l’autre moitié devra assurer un service à temps plein sans formation. Par ailleurs, le risque d’une Ecole Supérieure du Professorat et de l’Education coupée de la réalité du terrain et des nécessités des personnels, comme a pu l’être en son temps l’IUFM, n’est pas écarté.
Quant à la question décisive des moyens, si leur évolution marque une inversion au plan national par la programmation de créations de postes sur le quinquennat, celle-ci ne va pas suffisamment loin au regard de l’augmentation de la démographie scolaire. Victime collatérale de cet état de fait, notre académie voit ainsi le retour des suppressions d’emplois dont nous pensions le temps révolu. Ce qui nous est proposé pour la rentrée 2014 dans le second degré est un statu quo mortifère empêchant toute dynamique de progrès. Comment accepter que la rentrée 2014 telle qu’elle se prépare soit une copie de la rentrée 2012 unanimement condamnée en son temps, ce dont cette instance a été le témoin en ces murs désertés par nombre d’élus. Des moyens nouveaux sont indispensables pour notre académie. Comment oublier que 500 emplois ont disparu dans le second degré depuis 2007 pour un nombre d’élèves identique.
Il n’est pas question de dire que rien n’a changé, les annonces sur l’éducation prioritaire vont dans le bon sens, mais pour le reste le décalage entre les attentes, les annonces et la réalité du terrain est fort. Aucune perspective d’amélioration ne se dessine dans les établissements, si bien que la désillusion et le découragement dominent aujourd’hui dans les discours des professeurs. Aucune perspective n’est ouverte permettant de croire en un avenir moins sombre. Les personnels que nous représentons très majoritairement, sont loin du conservatisme que certains voudraient leur prêter, mais ils sont sur la défensive et ne seront prêts à s’engager et à croire dans la Refondation de l’Ecole que lorsque des signaux tangibles d’amélioration des conditions d’encadrement et des conditions de travail seront perceptibles.
Tout cela interroge bien évidemment le budget de la Nation. Force est de constater que les choix opérés depuis deux ans conduisent à l’asphyxie des Services Publics, à la fragilisation de la protection sociale, sans que la hausse du chômage soit enrayée. Comment comprendre, par exemple, qu’une lutte résolue contre la fraude fiscale, qui prive le pays de 60 à 80 milliards d’euros tous les ans, ne soit pas engagée ? En revanche, les « contreparties » annoncées au pacte de responsabilité, 50 milliards d’euros d’économies supplémentaires dans les dépenses publiques, auraient des conséquences dramatiques pour les Services Publics, y compris celui de l’Éducation. Les Services Publics sont des rouages essentiels de la redistribution des richesses et de la cohésion sociale, plus encore en temps de crise. Cet affaiblissement programmé est à nos yeux inacceptable, incompréhensible et dangereux.
Le SNES avec la FSU continuera de faire entendre que d’autres orientations, porteuses de progrès social, sont non seulement indispensables, mais aussi possibles.